Résumé |
Dans cette thèse, nous cherchons à définir les relations qui existent entre un événement sonore, contraint par ses caractéristiques physiques vibratoires, et la perception de celui-ci. La plupart des travaux sur l'audition se focalisent sur les dimensions perceptives des sons ou sur les processus de base qui traitent les signaux sonores, mais indépendamment des sources qui les produisent. Nous orientons l'étude vers la description des sources sonores, ici des barres de métal frappées, en termes de leurs propriétés audibles. Ces propriétés spécifient les caractéristiques physiques des sources telles que la géométrie, le matériau, le type d'interaction avec d'autres objets. Nous focalisons sur la perception de la géométrie. D'un point de vue théorique, notre approche est d'associer l'organisation catégorielle de nos connaissances et la perception des événements sonores. Nous l'abordons sous l'angle de l'acoustique écologique. Nous présentons aussi une synthèse sur les techniques d'analyses des données pour la modélisation et la représentation des proximités, ainsi que de nouvelles techniques de validation pour l'analyse des données de classification. Ces techniques nous permettent d'élaborer des modèles perceptifs et de mettre en lumière les propriétés physiques des sons qui les sous-tendent. Une première série d'expériences a mis en jeu la classification de sons de barres de métal excitées en différents points. Notre but était de savoir si les auditeurs arrivent à extraire des invariants perceptifs propres à chaque barre, spécifiant leurs propriétés géométriques. Les résultats suggèrent que les auditeurs utilisent les hauteurs spectrales proéminentes liées aux modes vibratoires d'une dimension géométrique privilégiée (largeur ou épaisseur de la barre) afin de comparer et classifier ces sons. Il n'apparaît pas que les auditeurs utilisent l'information acoustique brute afin d'extraire des invariants perceptifs propres à une barre, bien que ces informations soient présentes et pourraient être utilisées à cette fin. Une deuxième série d'expériences a utilisé un paradigme d'appariement intermodal entre la représentation visuelle de paires de sources sonores et le son produit par celles-ci. Grâce à l'utilisation de sons de synthèse, nous avons cherché à tester quelles informations acoustiques liées aux modes de vibration permettent de spécifier la perception de la géométrie des barres. Les résultats montrent que les auditeurs mettent en place des stratégies perceptives afin d'associer un son avec sa représentation visuelle. Ils n'étayent pas l'hypothèse selon laquelle il existe une perception directe des propriétés géométriques de ces sources. |