Résumé |
Le thème de cette thèse est l'étude expérimentale de l'une des facettes de notre perception des sons,
appelée rugosité psychoacoustique. La question des causes du percept est tout d'abord posée. L'intensité de
la sensation de rugosité évoquée par un son donné semble dépendre d'un grand nombre de paramètres
acoustiques. Les théories actuelles, regroupées sous les noms d'approches ``spectrale'' ou ``temporelle'',
s'opposent quant aux paramètres pertinents. Ces approches sont confrontées au cours de deux expériences
grâce à des manipulations de phase de sons synthétiques. Les résultats conduisent à rejeter l'approche
spectrale et à proposer une révision de l'approche temporelle, basée sur un modèle computationnel inspiré
de mécanismes physiologiques. Le lien entre les sons élémentaires traditionnellement utilisés dans le
laboratoire et la rugosité évoquée par des sons complexes est ensuite abordé, grâce à une troisième
expérience portant sur la rugosité de l'addition de sons élémentaires. Il apparaît que la rugosité de sons
complexes ne peut pas simplement être estimée par la somme des rugosités des sons les constituant. Un
mécanisme sensible à la cohérence entre enveloppes temporelles doit être prise en compte. Un modèle
fonctionnel de l'effet est proposé. Enfin, la rugosité est étudiée dans une situation d'écoute musicale, avec
des sons instrumentaux. Une théorie proposée par Helmholtz relie les notions de consonance et dissonance
dans la musique tonale occidentale à la rugosité des accords habituellement employés. Deux nouvelles
expériences proposent une extension des théories de Helmholtz à un contexte musical non tonal. L'étude du
percept de rugosité illustre la variété des mécanismes sensoriels et cognitifs qu'il convient de prendre en
compte si l'on désire comprendre ce qui se passe entre l'instant ou un son parvient à nos oreilles et le
moment ou nous pouvons ``l'entendre''.
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