Résumé |
Les collections d'objets numériques sont placées au croisement interdisciplinaire des sciences cognitives d'une part et de l'informatique d'autre part, dans le domaine de la classification et de la recherche d'informations. D'un côté, les psychologues spécialistes de l'enfance comme Piaget ont montré que les collections fonctionnent sous un double mode, figural - c'est-à-dire s'inscrivant dans un espace, et à l'inverse non-figural. De l'autre, les informaticiens cherchent d'autres organisations des informations que les habituelles grilles de classification établies sur des critères posés a priori : il s'agit d'introduire pleinement l'utilisateur et ses désirs dans les systèmes automatisés, tout en essayant bien sûr de lui éviter les coûts exorbitants qui menacent aussitôt de s'ensuivre. Pour cela, les interfaces seront encore à améliorer, et nous n'en sommes qu'au début d'un façonnage d'outils numériques. Après tout, les usages sauront bien nous inspirer collectivement, comme cela fut bien souvent le cas par le passé : nous devons à Philippe Aigrain la mention de la référence historique aux Locus Communis, ces livres collections d'extraits de textes annotés, copiés ou découpés selon des critères personnels avant même l'imprimerie parfois, qui répondaient déjà à la nécessité de gouverner une surabondance d'information. Collection croisée en vérité, puisque la collection d'annotations doublait la collection d'extraits ([1]). Si la constitution et le parcours dans les collections (numériques ou pas), sont des questions qui rejoignent celle, plus vaste, de la synthèse, il est intéressant de remarquer comment les collections de fichiers sonores digitalisés sont devenues un cadre artistique pour l'exploration de formes ouvertes et pour la synthèse sonore en particulier. Dans cet article, nous rendons compte de caractéristiques communes à toutes les collections, avant de montrer leur spécificité dans le monde du son numérique, grâce à des démonstrations d'applications comme ReCollection et CataRT. |