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Version très développée d'un article publié dans la liste de diffusion Biblio-FR le 1er septembre 1999, sous le titre « Textes savants - du papier à l'écran: présenter les notes ».
L'écran n'est pas le papier - c'est un truisme qui me semble parfois mal compris par ceux qui pensent que le premier remplace le second. On écrit (ou devrait écrire) différemment pour ces deux supports. Le transfert de texte de l'un vers l'autre ne peut donc pas se faire sans une quelconque adaptation qui aille au delà de la simple (re)mise en page, sans toutefois nécessiter la réécriture complète du texte original, ce qui serait une tâche impossible en cette ère de numérisation urgente.
En particulier, la lecture de textes savants, rédigés à l'origine pour le papier, n'est pas aisée à l'écran, si ce n'est qu'à cause de leur longueur et de leur linéarité qui se prêtent souvent mal à une segmentation. Un facteur additionnel de complexité dans la lecture de documents de ce genre particulier est la présence de renvois sous forme de notes, parfois fort nombreuses. Celles-ci peuvent être réunies, dans la version imprimée, en fin de livre ou de chapitre, regroupées en bas de page, voire présentées dans la marge du texte, à proximité de leur appel (voir image ci-contre). Quelque soit la mise en page adoptée, la lecture de la note nécessite un déplacement plus ou moins conséquent du regard, accompagné ou non d'un feuilletage manuel.
Sur le Web, on utilise souvent des liens hypertextuels pour l'appel de notes renvoyant vers une autre partie du document (voire un autre fichier) dans laquelle se trouve le texte de la note. Lorsque l'on clique sur ce lien, l'appel de note et son texte environnant sont remplacés par la note elle-même et son voisinage, le retour s'effectuant par l'entremise d'un click sur un bouton (Arrière) du navigateur ou sur un lien établi près de la note. Ces changements de contexte entre l'affichage du texte et de la note qui s'y rapporte sont plus « violents » que lors du glissement du regard pour la consultation d'une note en bas de page ou en marge d'un document papier, action qui ne nécessite aucun geste manuel.
Une des techniques parfois utilisées pour éviter ce changement brutal est l'affichage d'un cadre (« frame », en anglais) séparé du texte original, dans lequel s'affichent les notes1. Si cette méthode permet en principe de consulter les notes sans perdre le contexte principal, son utilité dépend beaucoup de la taille de l'écran dont dispose le lecteur: sur un petit écran de portable, le cadre principal s'en trouve considérablement réduit par rapport au champ de vision utile à la lecture du texte lui-même et à la vision de son contexte.
Nous venons d'expérimenter une nouvelle technique de mise en page de nos archives de textes de recherche, qui permet de présenter la note à l'endroit où se trouve l'appel de note dans un petit cadre qui se superpose au texte à la demande (voir l'image ci-contre): il suffit de placer le curseur à l'aide de la souris sur l'appel de note pour voir l'affichette, de l'ôter pour qu'elle disparaisse2. Nous appellerons ce cadre affichette dynamique (flying note, en anglais).
L'avantage principal de ce mode de présentation est d'afficher la note dans son contexte à la demande avec un minimum de gestes -- en faisant simplement glisser la souris sur l'appel sans avoir à cliquer en sus -- et de la faire disparaître en déplaçant légèrement la souris, sans que le contexte d'origine ne change. La position précise de l'affichette est calculée de façon à tenter de ne pas recouvrir tout le contexte immédiat (ce qui serait le cas si elle était, par exemple, centrée sur la souris) sans trop s'en éloigner. Elle se place du côté de la souris le plus éloigné des marges: ainsi, si l'appel de note se retrouve près d'une marge, l'affichette sera disposée de façon à lui éviter de disparaitre dans cette marge.
Le lien hypertextuel de l'appel de note continue, lui, a être opérationnel comme auparavant: en d'autres mots, lorsqu'on place le curseur sur l'appel de note, l'affichette apparaît; si on clique alors sur cet appel de note, le contexte bascule vers la liste des notes (et l'on peut revenir au contexte d'origine à l'aide du bouton Retour du navigateur).
Cette dualité de fonctionnement a plusieurs raisons. Elle permet tout d'abord de consulter les notes « à l'ancienne » pour les navigateurs qui ne possèdent pas les facultés nécessaires à ce type de fonctionnement3 - soit du fait de leur vétusté ou incompatibilité4, soit intentionnellement (tels les logiciels de lecture pour malvoyants). Par extension, elle permet d'obtenir une version imprimée du texte accompagné de ses notes signalées de façon traditionnelle. D'autre part, elle est nécessaire pour donner accès à de l'hypertexte qui se trouverait inséré dans le texte de la note (par exemple, la note n° 1 ci-dessus, qui comprend un lien hypertextuel vers un article extérieur): en effet, l'affichette disparaissant dès que l'on déplace la souris, il est impossible de placer le curseur dessus; il faut donc cliquer sur l'appel de note pour pouvoir accéder à un affichage traditionnel.
Le contenu de l'affichette n'est pas nécessairement identique à celui du texte référencé par le lien hypertextuel auquel elle est associée: on l'a vu dans l'exemple de la note 1 ci-dessus, où celle-ci contenait de l'hypertexte, tandis que l'affichette explicitait le lien. On peut donc utiliser les affichettes comme légende, indication, résumé ou aperçu: en plaçant la souris sur le lien, l'affichette apparaît avec un descriptif plus ou moins sommaire du contenu référencé; le lecteur peut alors décider de cliquer ou non sur le lien pour aller consulter le texte référencé.
Comme la fonction de l'affichette est de fournir un
contenu sommaire, elle n'a pas à fournir les fonctionnalités
hypertextuelles (voire hypermédia) éventuellement présentes dans le document
ou partie de document qu'elle référence.
En ce sens, elle ressemble par son fonctionnement à celui offert par le champ
ALT
des balises d'images insérées dans un texte en HTML*, qui permet d'afficher
une légende (un texte arbitraire mais non hypertextuel)
lorsque l'on place le curseur sur une image (faites-le sur
l'image ci-dessus...).
Par la nature de son contenu, l'affichette
ressemble au contenu de la balise TITLE
de documents en HTML, destinée à
afficher un intitulé dans la barre supérieure de la fenêtre contenant le document consulté.
Cette technique peut, bien évidemment, être utilisée pour d'autres renvois intertextuels que les notes de bas de page, tels que:
TITLE
du document référencé par le lien
auquel est attachée l'étiquette; par exemple, le positionnement de la souris sur
le lien vers le site du CNAM
ferait apparaître une affichette reprenant l'intitulé de ce site tel
qu'il est mentionné dans sa balise TITLE
, et permettrait ainsi
d'en prendre connaissance avant de s'y connecter.
Les exemples 2-4 ci-dessus peuvent d'ailleurs se prêter à la réalisation assistée par ordinateur du contenu de l'affichette. En effet, dans le cas n° 2, il serait possible d'utiliser des logiciels effectuant des résumés automatiques de texte, comme on en trouve dans les systèmes de recherche d'information (information retrieval, en anglais)5. Dans le cas n° 3, une extension de ce type de logiciel au multimédia (par exemple: extraction automatique de motifs musicaux6 d'un fichier de son numérique ou MIDI*, description de scène pour une image7...) pourrait fournir l'aperçu. Enfin, le cas n° 4 est le plus facile à réaliser.
La multiplicité des utilisations possibles de l'hypertexte comme mode d'annotation d'un texte peut s'accompagner d'un effet pervers: un trop grand nombre de signes indiquant la présence d'une référence (sous des formes diverses -- variations de police ou de couleur, soulignage...) peut en fait rallentir la lecture continue en arrêtant le regard trop souvent, au lieu de servir de repère pour une lecture en diagonale ou d'attirer l'attention vers les références importantes. Pour éviter de rajouter des indices visuels multiples (liens de couleur différente, par exemple), nous distinguons deux types de signes:
La mise en oeuvre technique est basée sur une capacité du langage HTML (dès sa
version 4) de détecter l'arrivée et le départ du curseur au dessus d'un lien
hypertextuel, et de coupler chacun de ces événements avec un programme adéquat, dans
ce cas écrit en Javascript. Le premier de ces programmes fait paraître l'affichette
à l'écran, à un emplacement calculé en fonction des coordonnées relatives du curseur
dans la fenêtre du navigateur, de façon à être le plus éloigné des marges les plus
proches et de ne pas recouvrir le voisinage du texte annoté. Le second est chargé
de faire disparaître l'affichette quand la souris est déplacée.
Chaque affichette est un bloc de type SPAN
invisible mais présent
dans le texte. Des feuilles de style sont utilisées pour faciliter la rédaction
des pages en HTML contenant le texte et ses annotations.
Comme mentionné ci-dessus, l'étiquette ressemble, par son mode de
fonctionnement, à celui offert par le champ ALT
de la
balise IMG
servant à l'insertion d'image. On pourrait donc
éviter à avoir à mettre en oeuvre tout cet appareil si un champ
ALT
avait été présent dans la balise A
servant à insérer de l'hypertexte. Il serait donc intéressant de
proposer cette extension au comité de standardisation du langage HTML.
Elle en diffère toutefois sous deux aspects qui justifient son existence propre, que cette extension soit validée ou non:
ALT
ne permet
d'utiliser que du texte brut pour composer les légendes d'images.
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