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Agora 99
Alphabet pour un festival

Résonance n° 15, juin 1999
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Académie d'été

Intégrée au festival Agora, l'Académie d'été, ouverte à l'ensemble de la communauté musicale, propose un programme intensif de conférences, de cours de composition et d'ateliers d'informatique musicale. Autour du thème de la voix et de ses interactions avec l'électronique, les oeuvres des trois compositeurs invités -- Kaija Saariaho, Philippe Manoury et Salvatore Sciarrino* -- dialogueront avec d'autres créations musicales et chorégraphiques. Les nouveaux logiciels, présentés par les équipes de l'Ircam, pourront être expérimentés par les participants eux-mêmes.
(du 16 au 24 juin, Ircam)

Back (Play-)

En Play-Back, la voix d'un spectre : celle de Salman Rushdie qui, enregistré, lit ses textes. C'est à cette « voix d'un poète sans corps » que François Raffinot et ses danseurs prêtent leur corps, le corps muet de la danse. Sur une partition d'Edmund J. Campion où l'électronique en temps réel de l'Ircam joue tantôt sur « l'intimité » du son, tantôt sur sa présence physique par l'amplification des graves.
(du 7 au 13 juin, Ircam)

Coleman (Steve)

Né à Chicago en 1956, Steve Coleman, saxophoniste et compositeur, explore l'improvisation sous toutes ses formes, depuis ses débuts dans le funk jusqu'à ses récents séjours en Inde, en passant par Cuba et les traditions africaines. Il s'attache actuellement à plier les outils informatiques de l'Ircam aux contraintes de l'improvisation de groupe.
(11 juin, Bouffes du Nord)

Danse

Après Play-Back, la danse revient plusieurs fois rythmer la programmation d'Agora. La danseuse Karine Saporta prête son corps à l'écriture chorégraphique de Susan Buirge dans Le Jour d'avant, sur une musique de Patrick Marcland. Et avec Une rose..., Saporta signe « une sorte de petit opéra pour corps et voix » d'après Gertrude Stein ; le jeune compositeur Thierry Pécou lui prête main forte pour recomposer un labyrinthe peuplé d'« américanismes musicaux ». Enfin, les deux créations d'Olga De Soto, données lors des journées portes ouvertes de l'Ircam, revisitent des partitions récentes de Stefano Scodanibbio et Michael Jarrell.
(15, 16 et 17 juin, Bouffes du Nord ; 26 juin, Ircam)

Ensembles (vocaux)

Croisement des époques, croisement des temps que nous donne à entendre l'ensemble vocal des Jeunes solistes : en 1995, Philippe Fénelon se tourne vers les Élégies de Duino de Rainer Maria Rilke pour écrire ses Dix-huit madrigaux ; en 1605, Claudio Monteverdi publie son cinquième livre de madrigaux, véritable « ligne de partage des eaux » entre la musique ancienne et la modernité. Quant au New London Chamber Choir, il nous propose aussi un voyage musical à travers les époques : dans ...amaris et dulcibus aquis..., le choeur raconte un pèlerinage à Compostelle dont Tristan Murail a puisé le récit dans un texte du XIIe siècle ; avec Medea, Iannis Xenakis fait résonner les échos d'un théâtre antique rêvé ; et les quatre Epitaphes pour choeur et électronique d'Alejandro Viñao sont autant de périples vers l'Espagne des « poètes disparus ».
(16 juin, Ircam ; 19 juin, Bouffes du Nord)

Films

Le Forum des images et l'Ircam s'associent pour présenter quatre journées de documentaires et de fictions consacrées aux « voix du monde ». La programmation évoque la vie quotidienne, les chants de travail, les rituels et les fêtes ; elle tente de suivre les hybridations entre les musiques traditionnelles et les oeuvres d'un György Ligeti ou d'un Georges Aperghis. (du 10 au 13 juin, Forum des Images)

Gesualdo (selon Sciarrino) et Holliger (Heinz)

Dans la transposition de Salvatore Sciarrino, les voix des madrigaux de Carlo Gesualdo sont comme figées « sous verre » (Le Voci sottovetro). Silence. Avec Not I, un monodrame composé d'après Samuel Beckett, Heinz Holliger met aussi en scène l'impossibilité de parler : la bouche, seule dans un trou d'ombre, ne parvient pas à dire « je ». Aussi la soprano est-elle dédoublée, elle dialogue avec sa propre voix enregistrée et transformée.
(22 juin, Ircam)

Improvisation

C'est une étrange performance qui clôt la « nuit Ircam », au coeur des journées portes ouvertes. Avec cet instrumentarium hétéroclite que forment les platines et les échantillonneurs, l'artiste plasticien Christian Marclay -- DJ à ses heures -- improvise. Dans son bac, des tubes, des disques en tous genres, pliés, collés, troués ou tatoués : une réserve de sons qu'il manipule avec virtuosité.
(26 juin, Ircam)

Jazz (voir aussi Coleman)

Plusieurs membres de l'Orchestre national de jazz (notamment Didier Levallet et Jean-Rémy Guédon) fréquentent régulièrement les studios de l'Ircam, pour explorer les possibilités de la synthèse sonore, des systèmes temps-réel ou de la composition assistée par ordinateur. Lors des journées portes ouvertes, ils présentent en concert les fruits de ce premier contact.
(26 juin, Ircam)

Kagel (Mauricio)

Dans Kantrimiusik (transcription phonétique de country music), Mauricio Kagel propose une savoureuse caricature d'un « voyage organisé » en musique. Une sorte de tour du globe dont on aurait choisi chaque étape d'après les clichés en couleurs d'un catalogue. Dans M.M. 51, par une ironique référence à la Musique d'accompagnement pour une scène de film de Schoenberg (qui figure également au programme de ce concert du Nieuw Ensemble), c'est à d'autres clichés que s'en prend le compositeur- humoriste : suspense et angoisse sont au rendez-vous.
(12 juin, Forum des Images)

Ligeti (György)

Les Aventures et Nouvelles Aventures de György Ligeti sont une sorte de « proto-opéra », sans livret ni décors, mais avec des ricanements, des soupirs ou des sanglots. Quant aux cruels Mystères, extraits du Grand Macabre, la figure traditionnelle de la soprano colorature y est détournée pour annoncer la fin du monde sur fond de samba déchaînée. Mais, malgré tout ce qui démarque l'oeuvre de Ligeti d'un opéra proprement dit, ses mises en scène successives ont tôt fait de renouer avec le théâtre classique. L'ensemble Ictus, avec les metteurs en scène Pierre Droulers et Jim Clayburgh, a voulu rendre ces « anti-opéras » à leur étrangeté première.
(23 et 24 juin, Bouffes du Nord)

Manoury (Philippe)

L'un des trois compositeurs invités à l'Académie d'été, Philippe Manoury écrit une musique volubile et fortement charpentée. Son oeuvre oscille entre les visées dramatiques (notamment dans l'opéra 60e Parallèle) et la concision de pièces brèves. Le « concert-marathon » du 18 juin contraste l'écriture serrée des effectifs de chambre (duo, trio, ensemble de percussions) et le déploiement lyrique de la voix seule, accompagnée par l'ordinateur dans le cycle En écho : sur des poèmes érotiques d'Emmanuel Hocquard, Manoury y renoue avec la sensualité madrigalesque d'un Monteverdi.
(18 juin, Ircam)

Nosferatu

Rencontre inattendue entre un classique du cinéma expressionniste muet (Nosferatu le vampire, de Murnau) et des musiciens sur scène : le percussionniste et vocaliste américain David Moss, parfois surnommé « le Pavarotti de l'avant-garde » ; le DJ allemand Frank Schulte, virtuose des platines, des échantillonneurs et autres « readymades acoustiques » ; enfin, le chanteur britannique Phil Minton, associé à nombre de projets de théâtre expérimental.
(20 juin, Forum des Images)

Outre-Atlantique (voir aussi Québec)

De l'autre côté de l'Atlantique, jazz, musiques de films ou de dessins animés croisent volontiers la tradition dite « savante ». C'est ce paysage bigarré que nous fait découvrir l'Ensemble de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), au travers des oeuvres de Frank Zappa, des zappings musicaux de John Zorn et de l'écriture allusive de John Adams.
(9 juin, Bouffes du Nord)

Portes ouvertes

En guise de finale pour Agora 99, deux journées où l'Ircam ouvre ses portes. Concerts, ateliers et spectacles se succèdent dans et hors les murs, sur la place Igor-Stravinsky ou dans l'église Saint-Merri. La musique contemporaine dialogue avec la danse, le jazz et la performance électroacoustique. Mais ce moment privilégié est aussi celui des rencontres avec les compositeurs, les scientifiques, les techniciens, les interprètes et les assistants musicaux : une manière de découvrir les laboratoires ou les studios de mixage et de production. Également au programme : des installations virtuelles interactives, des ateliers pour enfants animés par les équipes pédagogiques, des conférences scientifiques...
(26 et 27 juin, Ircam)

Québec (voir aussi Outre-Atlantique)

D'un paysage nord-américain haut en couleur, Denys Bouliane tente de saisir les reflets proprement québécois. Sa suite pour ensemble, Paysage Qu. (1992), s'achève sur une Valse endémique, rappelant que l'endémie est une « maladie propre à certains pays »...
(9 juin, Bouffes du Nord)

Rashomon

Ceux qui ont vu le Rashomon d'Akira Kurosawa se souviennent de la violence baroque des images. Avec son librettiste Craig Raine, le compositeur Alejandro Viñao est remonté à la source littéraire qui avait inspiré le cinéaste : une nouvelle de Ryunosuke Akutagawa. C'est ainsi qu'est né Rashomon : the opera. Avant le film (projeté pour l'occasion), on pourra entendre en création française ce thriller musical en cinq scènes, où les étranges récits parallèles ne convergent jamais vers une « réalité » introuvable.
(25 juin, Forum des Images)

Saariaho (Kaija)

Invitée elle aussi à enseigner dans le cadre de l'Académie d'été, Kaija Saariaho observe les sons et s'accorde à leur vie intérieure. Sa musique laisse également s'épanouir des gestes suscités par des impressions et des lectures diverses : les jardins visités lors d'un séjour à Kyoto (dans Six Japanese gardens, pour percussions et électronique) ou des textes poétiques, allant du Moyen Âge (dans Lonh, chanté en occitan) au romantisme allemand (dans Die Aussicht, sur un fragment de Scardanelli, alias Friedrich Hölderlin)...
(18 juin, Ircam)

Textes et Théâtre musical

Après Belle du désert de Josh Levine et So Full of Shapes is Fancy de Pascal Dusapin, Les Sept Crimes de l'amour de Georges Aperghis évoquent un théâtre qui prend tout simplement naissance dans l'utilisation des instruments : la clarinette perd son embouchure ; le zarb iranien, de percussions qu'il était, devient porte-voix. Enfin, pour le dernier concert-atelier des journées portes ouvertes, les Neue Vocalsolisten et l'Itinéraire présentent une nouvelle version de Formes-Fragments de Michael Jarrell, d'après des textes de Léonard de Vinci consignant ses observations sur la lumière, la neige... et le son.
(27 juin, Ircam)

A suivre...

* Voir le portrait de Sciarrino par Gianfranco Vinay.

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