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Les cahiers de l'Ircam: Compositeurs d'aujoud'hui: George Benjamin, 10, juin 1996
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Excellent pianiste, improvisateur et lecteur, le jeune George
Benjamin devait
fatalement (?) s'exprimer au travers de son instrument. La Sonate
qu'il termine en 1978, alors qu'il vient d'avoir 18 ans et qu'il est
l'élève d'Olivier Messiaen au Conservatoire national
supérieur de Paris, semble être l'une de ces
grandes compositions où l'on dit tout, comme un jeune écrivain tente de
«farcir» son premier roman d'un vécu qu'il ne peut
contenir. Et, pour ce faire, quelle meilleure forme qu'une sonate inscrite dans
la descendance lisztienne: forme tripartite mais en un seul mouvement continu,
virtuosité extrême! Comme Schoenberg dans sa
Kammersymphonie op. 9 (1906) ou le méconnu Alexander Mossolov
dans ses Sonates pour piano, Benjamin emploie une expression presque
saturée, au bord de l'explosion. On gagera qu'il y dit beaucoup de
lui-même et beaucoup de ce qu'il aime alors:
Debussy,
Ravel (le
début du second mouvement, qui sent son Gibet...), Olivier Messiaen
(très présent dans le second mouvement). Pourtant, le recul nous
autorise à n'y trouver presque aucun des éléments
saillants du futur langage du compositeur. Comme chez
Berg, cet opus
primum conçu sous le regard du maître reste comme une
préface sans texte...
Entre 1981 et 1985, à quatre reprises, George Benjamin revient au piano.
Il avoue bien volontiers ne pas trop se soucier de
Sortilèges (1982), la pièce où l'influence
de Messiaen est peut-être la plus audible. En revanche, les Trois
études lui tiennent un peu plus à coeur, peut-être,
«grâce à l'extraordinaire Pierre-Laurent Aimard, qui les
joue comme personne». Alors que la Sonate souffrait d'un
excès de liberté que s'était octroyé le
compositeur, les Trois études s'imposent une discipline qui
canalise l'expression et contraint la forme.
Lorsqu'il compose son Octuor, peu après la Sonate pour
piano, George Benjamin est encore étudiant à Cambridge (il a
18 ans). Cette pièce met en place l'instrumentarium de base de la
plupart des pièces pour orchestre de chambre à venir: les vents
- sans le hautbois ni la trompette, instruments qui deviendront centraux par la
suite -, les cordes solistes et le célesta, au rôle
prédominant. Les déferlantes de la sonate semblent s'être
contenues; l'Octuor possède même une physionomie assez
hectique et presque webernienne (grands intervalles, rythmes
irréguliers, fréquents changements de mesure), à
l'exception du «Misterioso» (mesure 94), un passage lent
et mélancolique comme on en trouvera dans Ringed by the Flat Horizon
et At First Light : sonorités irisées des cordes en
harmoniques, trilles puis figures «liquides» du célesta et
des petites percussions.
Sous son abord «avant-gardiste», la pièce est
régie par un plan somme toute très classique (vif-lent-vif,
encadré par une introduction et une coda).
Comme par une volonté de contraste ou de renouvellement, la seconde
pièce orchestrale de Benjamin oppose son climat transparent et
féerique aux affres de Ringed by the Flat Horizon. A Mind of
Winter («un esprit d'hiver» pourrait-on sommairement
traduire) sont quelques mots extraits du poème de Wallace Stevens
(1879-1955), The Snowman («le bonhomme de neige»). Cette
pièce vocale (1980-1981) pour soprano et orchestre de type
«Mozart» semble d'un abord peut-être plus
«facile» que Ringed by the Flat Horizon. Le texte - au
lyrisme au demeurant assez opaque - y aide-t-il? On remarquera d'emblée
que le chant, en valeurs presque constamment longues, est «instrumental»,
comme le sera la partie vocale de Upon Silence. Mais ce qui
différencie le Benjamin de 1980 et celui de 1990 réside dans la
conception de la polyphonie.
Ici, la voix - blanche, comme il se doit dans ce contexte «glacé
et mystérieux» - émerge de la couleur
générale de l'orchestre mais ne se mêle pas au dessin
polyphonique. Elle est nimbée d'un nuage sonore très harmonique
(une couleur de la mineur, masquée par des «caches»
harmoniques), particulièrement évocateur du givre (cordes en
sourdine et en harmoniques, cuivres bouchés) et de cristallisations
sonores confiées aux petites flûtes, aux petites percussions
(«Of the pine-trees crusted with snow», «Sur les
pins incrustés de neige»). Il y a bien des figures
mélodiques et rythmiques dans les cordes ; mais, arachnéennes et
irisées, elle sont conçues comme des événements en
filigrane.
Toute subtile et évanescente qu'elle soit, l'écriture n'est jamais gratuite, toujours destinée à produire un effet audible.
A Mind of Winter (extrait).© 1991 Faber Music Ltd. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'éditeur
Nouveau virage : George Benjamin conçoit sa troisième grande
composition pour une formation «essentielle» de seize
instruments, héritée de la Kammersymphonie op. 9 d'Arnold
Schoenberg, confiée aux pupitres solistes de l'orchestre. At First
Light (1982) fait de nouveau référence à une
image. Il s'agit ici d'un tableau de Turner (1775-1851), Norham Castle,
Sunrise («Le château de Norham, à l'aube»),
conservé à la Tate Gallery de Londres. Cette toile, reproduite
sur la couverture de la partition, est l'un des exemples les plus fameux du
peintre, dont la subtilité et le fondu des coloris, la liquidation (ou
«liquéfaction») des volumes en ont fait un
précurseur singulier des techniques impressionnistes. Plus qu'une
composition, la matière énigmatique de ce tableau est une
«décomposition». En termes sonores, la correspondance
pourrait être ainsi envisagée : comment manier le son d'un point
de vue liquide ou solide, assurer des synthèses, des transitions ou des
oppositions de l'un à l'autre ?
At First Light fait entendre une intéressante synthèse
entre la complexité «active» de Ringed by the Flat
Horizon et la blancheur «contemplative» de A Mind of
Winter. Lesdites pièces avaient largement convaincu des talents de
Benjamin dans le domaine de l'orchestration. Après A Mind of
Winter, on pouvait éventuellement craindre que le compositeur ne
continuât dans une voie trop sensuelle, trop brillante, trop «atmosphérique».
At First Light prouve, à
l'inverse, que ces qualités de coloriste sont mises au service de la
forme et d'un discours qui, s'il est poétique, n'en est pour autant
jamais dénué de fermeté.
Le début de la première partie de At First Light - qui en
comprend trois principales - est une introduction énigmatique qui
rappelle à s'y méprendre la texture de A Mind of Winter :
cordes en harmoniques, micro-figures des bois, irisations d'un vibraphone, solo
de petite trompette - pour quelques mesures seulement : des volées de
petites notes, de magnifiques accords et un trille conclusif (vibrionnant comme
une aurore radieuse) vont conduire à la deuxième partie, qui
constitue en fait la matière du premier mouvement principal.
Par opposition directe, ce sont les éléments terriens, graves et
râpeux (archet écrasé de la contrebasse) qui vont
déchaîner des événements presque telluriques.
Bientôt, une section lente s'établit (chiffre H) sur une tierce
mineure (clarinette et cor). Le célesta et le vibraphone font se
répondre des figures arachnéennes et transparentes, sur un tapis
de notes tenues, de cordes en harmoniques - tout un monde aquatique, une
surface d'eau légèrement irisée. Au chiffre K, les
éléments râpeux et telluriques reprennent, notamment aux
cordes (traits d'alto avec archet écrasé). Des stridences du
piano (toujours utilisé comme un instrument à percussion), des
volées de petites notes (comme les aime Pierre
Boulez) vont
s'exaspérer et se «fixer» sur un accord de quarte
augmentée, particulièrement instable, joué par la petite
trompette et «auréolé» par tout l'ensemble (chiffre T).
Suit ce que l'on peut considérer comme une transition où les
éléments sonores semblent se dissoudre, comme les figures du
tableau paraissent «digérées» : harmoniques des
cordes en continu, bruits de souffle des vents, une balle de ping-pong
rebondissant dans un verre, un bruit de papier déchiré (ces deux
derniers éléments n'étant retenus que pour la
beauté inédite de leur sonorité et non comme des gadgets
spectaculaires), brisures sonores du piano dans le suraigu, etc. : un monde
raffiné, infinitésimal, promis à la dissolution.
Enchaîné au précédent, le troisième mouvement
prend sa source dans cette séquence énigmatique. Les
sonorités dispersées, évanouies se recomposent en une
belle polyphonie confiée à l'ensemble des instruments (moins les
percussions et le piano). Il s'agit certainement d'une des plus belles pages de
Benjamin et une élégie aux couleurs douces-amères
(l'harmonie est constituée de retards et d'appoggiatures). Bientôt
des figures instrumentales virtuoses surgissent de cette matière
étale, avec des allers et retours entre excitation et calme.
Sonorités rayonnantes («Majestic », indique
Benjamin à plusieurs reprises) conduites vers une résolution
d'une force incroyable (chiffre J) : sur un do grave (trombone, contrebasse et
contrebasson à l'octave), les harmoniques naturelles déroulent
une belle texture qui rappelle les grands accords des
«spectraux». Cette énergie maximale se développe
puis s'éteint sur une résonance de tam-tam ; une coda cristalline
s'évanouit sur une envolée comme «happée»
par les instruments, un peu à la manière sidérante de la
fin du Sacre du printemps d'Igor Stravinsky...
Comme beaucoup de musiciens britanniques, George Benjamin devait
répondre à une commande pédagogique. En est née
Jubilation (1985), une pièce pour une grande formation
orchestrale, rassemblant, outre les effectifs «ordinaires»
(auxquels s'intègre un synthétiseur), un «choeur»
de flûtes à bec, des cuivres et des percussions joués par
des enfants. Même si elle se fonde sur un ré majeur assez
net, cette pièce n'est en rien du Benjamin «aménagé» à l'usage des enfants : les traits
confiés aux petites flûtes à bec ne sont pas faciles -
surtout joués par pupitres d'une dizaine d'instruments.
Jubilation porte bien son nom : ce ré majeur (la
tonalité du Magnificat de Bach, oeuvre jubilante s'il en est)
véhicule un enthousiasme tonique, même si la tierce ré -
fa dièse, introduite
par le synthétiseur, est vite contournée, déformée. Le même synthétiseur va bientôt faire «éclater» cette «teneur harmonique» en un accord très riche (et de couleur «spectrale»). Un pupitre entier de sopranos enfants entonne une solmisation très nettement en ré majeur - à ceci près : il n'y a qu'un dièse à la clé, le do dièse n'étant jamais entendu dans cette partie. Seul un do naturel intervient, provoquant un triton (fa dièse-do naturel), doublé à la petite trompette, réminiscence d'un passage équivalent à la fin de la première partie de At First Light (chiffre D).
Jubilation (extrait).© 1985 Faber Music Ltd. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'éditeur
Antara inaugure certainement une volonté chez Benjamin de concevoir une polyphonie plus horizontale, une écriture plus virtuose et plus abstraite aussi, même si de nombreux passages révèlent des atmosphères poétiques de premier ordre (le passage lent, avec bruits de souffle, au chiffre S et les différentes sections marquées «Misterioso») ou des moments où la joie d'écrire exulte : les traits bondissants des flûtes de Pan, les notes répétées aux cordes, à la fin de la pièce, et même la dernière intervention des flûtes, qui sonne comme une comptine que chanteraient de manière légèrement «décalée» deux enfants gambadant.
Antara (extrait).© 1985-1987 Faber Music Ltd. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'éditeur
En 1990, une pièce, surprenante mais décisive, Upon
Silence, agit comme une «oasis» d'inspiration et de
fraîcheur dans ce désert que le compositeur traverse. En 1988, il
est l'invité privilégié du Festival de musique ancienne de
Saintes, où sa musique se mêle à celle de
Henry Purcell.
Peu après ce festival et les concerts qu'il y donne, Benjamin
découvre les Fantaisies pour violes de Purcell, grâce
à l'enregistrement de Nikolaus Harnoncourt. C'est la
révélation. Comme les flûtes de Pan l'avaient
marqué, cinq ans auparavant, le son des violes de gambe, si
différent de celui de la famille des violons, l'attire. La musique de
Purcell aussi, qui n'a jamais été si complexe que dans ces
fantaisies écrites «à l'ancienne» mais qui, comme
chez Gesualdo, autre archaïque méconnu, sonnent avec une hardiesse
harmonique saisissante.
Upon Silence, à première écoute, semble être
une consort song ou une chanson franco-flammande comme on les pratiquait
au XVIe siècle. A cette époque, ces pièces polyphoniques
(de 3 à 7 voix, pour la plupart) pouvaient se jouer dans diverses
dispositions : parties exclusivement instrumentales ou exclusivement vocales,
ou un mélange des deux. Si, dans le langage, Benjamin s'éloigne
en tout de ce modèle ancien, il semble en garder une loi fondamentale :
le caractère «instrumental» de la partie vocale, faisant
partie du tout polyphonique. En témoigne l'écriture, en valeurs
longues (comme le cantus firmus ancien) ou très virtuoses de la
voix (ce style fleuri qu'on trouve dans certaines polyphonies de la Renaissance
anglaise).
Le texte, magnifique, est de W.B. Yeats (1865-1939), Long-legged Fly,
«L'Araignée d'eau», selon la traduction d'Yves Bonnefoy
[3].
Sudden Time (1989-1993) est probablement le «grand oeuvre»
de George Benjamin à ce jour. «Grand» par
l'ambition qui l'a mené, le temps absorbé et les terribles
difficultés qu'a rencontrées le compositeur pour en venir
à bout.
Upon Silence vient, en 1990, déclencher un geste nouveau, mais il
faudra encore trois années au compositeur pour achever la pièce
que lui avait commandée la Südwestfunk, en vue d'une
création en 1989, commande qu'il annulera, ne livrant qu'un fragment
pour orchestre de quelques minutes, Cascade, dont les esquisses
remontent en fait à la période 1983-1988, et qui constituera les
premières pages de Sudden Time (jusqu'au grand point d'orgue des
cordes, au chiffre N de la partition), à l'exception d'une courte coda
qu'il ne conservera pas pour la version longue » de la
pièce.
L'impression que provoque une première écoute de Sudden
Time est que l'univers sensuel et évocateur des premières
pièces fait place à un discours plus austère. Alors que
certains de ses collègues succombent aux sirènes du
néo-tonal, alors que l'intimité particulière de Upon
Silence pouvait laisser penser que Benjamin allait se diriger vers une tout
autre voie, Sudden Time radicalise quelque peu sa manière. Cette
pièce est «abstraite», mais pense large, vaste, vif,
aéré, complexe, mais jamais «compliqué». Le
«voyageur sonore» se trouve pris dans un paysage sans cesse
renouvelé, où les éléments nouveaux
s'intègrent naturellement à un tout. Faut-il comprendre ainsi le
titre que Benjamin a donné à sa pièce, cet esprit de
« temps soudain » et de renouvellement incessant
d'événements sonores ? Le compositeur avoue qu'il faut y voir
l'émergence soudaine et fugitive d'éléments
repérables (pulsations régulières,
répétitions) dans un univers en mutation permanente et
insaisissable.
Ce qui frappe ici plus qu'ailleurs, c'est la capacité de l'auteur
à créer un grand mouvement continu et une texture produisant une
sensation d'aération verticale, induite pourtant par des
événements horizontaux parallèles, comme dans la
Septième Symphonie de Jean
Sibelius. Quoi qu'il en soit,
l'orchestre de Benjamin, dans Sudden Time, est d'une liberté
extrême, d'une fluidité remarquable, toujours précis,
toujours poétique, vaste espace où évoluent les lignes et
les couleurs.
On repère ici ou là une sonorité de violes de gambe (cordes en harmoniques au chiffre N, juste après le grand point d'orgue), un solo de cor anglais sur fond de harpe qui évoque, fugitivement, une atmosphère mahlérienne (chiffre W), un « choeur » de flûtes en sol rappelant les figures virtuoses d'Antara (F'), des couleurs balinaises » (quatre mesures avant H') réalisées par les pizzicati résonnants et vibrés de contrebasse, le piano avec sourdine et les timbales. Enfin, cette coda magnifique, avec solo d'alto dans l'aigu (quatre mesures après Z), une partie qu'aurait pu jouer avec plus de souplesse un violon. Mais Benjamin, dans Sudden Time, semble renoncer aux solos d'instruments brillants (hautbois, trompette) entendus dans ses précédentes pièces pour les déléguer aux instruments graves, plus «difficultueux»...
Suden Time (extrait).© 1993 Faber Music Ltd. Reproduit avec l'aimable autorisation de l'éditeur
Les Three Inventions for Chamber Orchestra (1993-1995), pour 24
instrumentistes, reviennent à la formation de At First Light,
notablement étoffée. Mais la sonorité, l'écriture
de cette pièce n'a que très peu à voir avec son «aînée». L' épreuve » de Sudden
Time a radicalement transformé la manière du compositeur. La
première lecture de la partition semble montrer que les Inventions
réintègrent, en la réduisant », la
physionomie orchestrale de Sudden Time : même liberté des
lignes, même aération de la polyphonie, mêmes dispositions
instrumentales (cordes divisées, harpe et piano). Autre point
d'identité avec Sudden Time, l'utilisation de solos d'instruments
graves : au lieu d'une petite trompette, c'est le son mat et
mélancolique d'un bugle, et, si l'on retrouve le cor anglais dans la
Deuxième Invention, Benjamin donne la parole à un
euphonium (tuba ténor) et à un contrebasson sépulcral dans
la Troisième.
La Première Invention commence par des sons
mélangés de harpe, de vibraphone, de pizzicati des cordes
- une sonorité bientôt balinaise », ce qu'accentue
la rythmique des pages suivantes (pizzicati aux cordes). Puis c'est un
premier solo de bugle, dont l'atmosphère rappelle curieusement les
sentiments élégiaques de Quiet City (1939) de Aaron
Copland, où la trompette et le cor anglais jouaient un rôle
prépondérant.
C'est encore le cor anglais qui tient le rôle de soliste dans la
Deuxième Invention. Cet autre volet est plus rythmique, plus
violent ; les pizzicati de cordes et la harpe jouent bientôt un
rôle presque agressif de «grande guitare», notée
d'ailleurs quasi chitarra par le compositeur. Sur cette agitation
parvenue à un climax, la clarinette développe un solo dans le
suraigu, interrompu très brusquement.
La Troisième Invention (la plus longue) commence sur des
sonorités lugubres, avec des percussions métalliques au son
étouffé, des traits de cordes «flautando» et
pianissimo, interrompues par de rares sonorités lumineuses
à la harpe et au célesta. Cette Troisième
Invention, âpre et tellurique, s'achève sur un coup de
percussion coupant court à cette vision de cauchemar. Sans doute
s'agit-il de la pièce la moins «séduisante» de
George Benjamin : plus que jamais, la minéralité de cette
Troisième Invention nous éloigne des coloris liquides de
At First Light... Mais la densité sans répit et presque
étouffante de son déroulement coupe le souffle.
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