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A propos de George Benjamin

Les cahiers de l'Ircam: Compositeurs d'aujourd'hui: George Benjamin, n° 10, juin 1996
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De tous mes élèves, c'est George Benjamin que j'ai aimé le plus. Il est anglais, il étudiait la musique dans son pays lorsque son professeur lui a dit : «Mon enseignement n'est plus suffisant. Nous allons prendre l'avion pour Paris afin de rencontrer Olivier Messiaen.» C'était une parole d'une fabuleuse humilité! Benjamin devait avoir seize ans lorsque je l'ai rencontré. Il m'a présenté ses premières oeuvres que j'ai déchiffrées au piano, et j'ai compris immédiatement qu'il savait harmoniser et orchestrer et qu'il avait une oreille infaillible. Il était doué comme personne et, tandis qu'il travaillait le piano avec Yvonne Loriod, il a suivi pendant deux ans ma classe de composition au Conservatoire. Malheureusement, j'ai dû prendre ma retraite, étant atteint par la limite d'âge, et ses parents ont alors exigé qu'il revienne en Angleterre afin d'obtenir des diplômes à Cambridge. Il est parti. Je suis resté en correspondance avec lui et vois avec joie ses premiers succès. J'aime beaucoup une de ses oeuvres pour orchestre, une oeuvre merveilleusement «entendue», qu'il a composée d'après un texte de T.S. Eliot, et dont le titre est: Ringed by the Flat Horizon. Les timbres, les harmonies, les rythmes sont choisis avec un discernement exceptionnel; la forme est absolument maîtrisée. Une oeuvre plus récente, At First Light, pour orchestre de chambre, inspirée par un tableau de Turner, présente les mêmes qualités, encore accrues. George Benjamin est doué comme devait l'être Mozart jeune!

Texte issu de «Olivier Messiaen, Musique et couleur», nouveaux entretiens avec Claude Samuel, éditions Belfond, 1986, p.207.