Résumé |
La musique, domaine d'expression aux potentiels de créativité infinis, se décline en une multitude de productions singulières. Il se constitue ainsi un corpus en perpétuel accroissement, dont il n'est pas aisé de produire une vision synthétique. De plus, chaque œuvre musicale offre une structuration d'une grande richesse. C'est une des tâches essentielles de la musicologie d'entreprendre une compréhension de la complexité du phénomène musical et de déceler, d'une production musicale donnée, les configurations singulières. La théorie musicale peut guider la démarche analytique, qui se divise ainsi en autant de composantes que de dimensions offertes par la théorie. Malgré tout, l'œuvre musicale, ne se réduit pas à une simple adéquation à la théorie musicale, et conserve une part de singularité propre, qui constitue sa richesse essentielle. C’est le propre des analyses motiviques, et en particulier de l’analyse thématique (Reti, 1951), que de tenter de saisir la particularité de chaque œuvre musicale, en évitant de la réduire à une simple adéquation à des schémas préétablis. Malheureusement de telles approches peuvent difficilement rendre compte de l’œuvre dans toute son extension, vu la quantité d’information contenue, ni des connaissances partagées entre individus d'une culture musicale donnée. Des méthodologies explicites d’analyse motivique ont été formalisées, notamment l’analyse paradigmatique (Ruwet, 1972), largement inspirée de travaux linguistiques. Mais les opérations n’étant pas totalement explicitées, leur implémentation sous forme de modèles informatiques n’est pas envisageable en tant que tel (Nattiez, 1987). Nous proposons alors d’attaquer le problème de front, suivant une description détaillée du flux d’inférences générées par l’auditeur lors de l’écoute musicale. Ceci peut être envisagé à l’aide d’une modélisation informatique des mécanismes inductifs sous-jacents, prolongeant notamment des approches cognitives (Holland, Holyoak, Nisbett et Thagard, 1989) basées sur une représentation des connaissances sous forme de réseau conceptuel. |