La première des séquences ci-dessus [a-b-c] montre que, tout comme dans les démonstrations antérieures, la comparaison des densités absolues - 3 sons partout - ne permet pas d'évaluer la progression des qualités sonores d'un objet àl'autre, justement parce que celle-ci ne dépend pas du nombre de sons qu'ils contiennent, puisque ce paramètre est invariable, mais du rapport entre ce nombre et le nombre de sons qu'ils devraient contenir pour occuper la totalitéde leur ambitus, c'est-à-dire pour satisfaire àla condition de complexité maximale. C'est la densité relative, obtenue par la factorisation de ces deux nombres, qui produit un résultat pertinent pour l'analyse. On observe alors, dans cette séquence, que le taux d'occupation de l'ambitus des trois agrégats est respectivement de (3/6), (3/14) et (3/34), soit (0.5), (0.2) et (0.08), ou en core 50 %, 20 % et 8 %. En termes d'analyse comparée, cette évaluation permet de dégager une dynamique de raréfaction.
C'est le contraire qui se passe dans les deux autres séquences (d-e-f et g-h-i) : la densité augmente progressivement dans les deux cas, de 3 à5 sons. Mais, alors que l'ambitus reste identique dans la deuxième séquence, ce qui rend les évaluations des densités absolues et relatives proportionnellement équivalentes, il se resserre dans la troisième. On constate que l'évolution, en termes de densité absolue, est identique dans les deux séquences (3-4-5 sons), ce qui ne reflète pas de manière satisfaisante la réalité, puisque cette évolution, dans la dernière séquence, a lieu dans un contexte spatial chaque fois plus étroit : la dynamique "densitive" est donc sensiblement plus forte, puisque 5 sons dans l'ambitus d'une quinte, confèrent plus de densité à l'objet que 5 sons dans l'ambitus d'une dixième.
Ce sont ces dynamiques qui intéressent l'analyse des moyens d'écriture utilisés pour l'articulation de ces séquences de sonorités, et qui peuvent produire des observations pertinentes sur les kinesis de chacune. En accord avec nos propositions terminologiques, nous dirions que la qualité de la densité diminue progressivement dans la première séquence , qu'elle augmente linéairement dans la seconde, et exponentiel lement dans la troisième. On rajouterait que l'écriture de l'espace et des densités produit une sorte de symétrie par mouvement contraire entre la première et la troisième séquences.