Deux exemples de segmentation

1. Debussy, Etude "pour les Sonorités Opposées", mm. 1-6 [Debussy 15].

Les règles de segmentation conduisent, dans ce premier exemple, à une séquence de 5 objets (O1 à O5). Noter :

2. Debussy, "Les Collines d'Anacapri", mm. 1-11 [Debussy 09].

Quatre niveaux (de haut en bas) de segmentation de cette section.

On constate immédiatement une synchronie de la segmentation à tous les niveaux de lecture - à quelques légers décalages près, dûs à la différence de nature des critères utilisés pour chaque niveau de segmentation -, permettant de dégager les 5 objets dynamiques (O1,..., O5). Tous les composants de l'écriture font état de ruptures de continuité aux mêmes endroits, dessinant clairement une écriture par séquence d'objets sonores. C'est ainsi que convergent pulsations, articulations, registres, plan d'intensités, densités, etc., pour caractériser précisément chaque objet.

Le premier niveau de segmentation ne prenant en compte que les signes graphiques et/ou textuels de nouveaux tempos, respirations ou suspensions, la première rupture de continuité se produit précisément au passage des mesures 2 à 3, alors qu'aux autres niveaux, basés sur la notation musicale proprement dite, cette rupture ne se concrétise qu'à l'instauration de O2 : ceci est la raison du décalage des segmentations, visible dans le graphique ci-dessus entre le niveau 1 et les autres, au niveau de la mesure 3.

Un fait comparable, mais formellement plus significatif, se produit plus loin (mm. 6-7), quand la segmentation de troisième niveau doit prendre en compte la rupture de continuité de l'intensité qui intervient sur la dernière note de O3, indiquée p, anticipant ainsi le plan sonore suivant, propre à O4. Cette rupture d'intensitéest en outre soulignée par un diminuendo accentuant le contraste. Sur la base de ces observations, on pourrait être enclin à isoler l'objet en question pour en faire un objet de transition, un pivot, entre O3 et O4. Cette possibilité  est suggérée par la non-coïncidence des segmentations entre les niveaux 3 et les autres. Selon l'optique choisie, on définira O3 par sa segmentation de niveau 2 (ou 1) ou par celle de niveau 3. La sub-segmentation de niveau 4 permet indifféremment les deux approches.

Informée par ces premières données, la quatrième phase de la segmentation est déjà globalement structurée. Il suffit à présent de pénétrer les objets dynamiques repérés afin de les réduire à des objet statiques qui feront l'objet des investigations analytiques spécifiques.

La structure de ces 11 premières mesures, telles qu'elle apparaît en 4e position dans le graphique ci-dessus, peut être décrite ainsi :

(O1) (O2.1, 2.2, 2.3) (O3.1, 3.2, 3.3) (O4.1,..., 4.9) (O5.1.1, 5.1.2., 5.1.3, 5.2.1, 5.2.2).

O1 est un objet statique à pulsation régulière et avec résonance finale, dont O3 peut être considéré comme une élaboration tendant à enrichir ses qualités sonores propres.

Les objets statiques sont dissociés, selon les cas, sur la base de leur articulation contrastée (par exemple O2.1 et O2.2), leurs densités horizontale et/ou verticale (O2.2 et O2.3, O3.1 et O3.2), leur registre (la séquence des OS de O4), leur intensité, etc..

O5 fait l'objet d'une sub-segmentation supplémentaire correspondant au fait que le premier OS (Si1-Fa#2 en blanches) incorpore les deux suivants, situation qui ne se produit pas dans les objets antérieurs oùtous les objets statiques se présentent de manière séquentielle : c'est, à son niveau, un objet dynamique. C'est le niveau choisi de l'analyse qui décidera s'il doit être "disséqué" ou non .

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